La Transylvanie, c'est dans ces magnifiques territoires que mon histoire débute. Il y a de cela 38 ans, je naquis au milieu de la plus puissante famille vampire de toute la région. L’événement fut célébré sans plus tarder, en effet, étant le premier né de la famille, j'étais de fait l'héritier légitime, et donc le prochain chef de ce clan du fait de mon sang pur. Les années commencèrent alors à passer, et vinrent après moi, deux autres enfants. J'eus d'abord une sœur, de trois ans ma cadette, puis un petit frère deux ans plus tard. Nous grandîmes donc tous ensemble, et déjà quelque chose semblait me différencier du reste de mon clan. Alors que tous ne juraient que par la pureté de notre sang, et par le mépris des impurs qui ne servaient que de domestique. J'étais au contraire intéréssé par eux, je les estimais comme mes égaux, au même titre que tout autre membre de mon clan.

Le temps continua de passer et lorsque j'atteins l'adolescence, et plus précisément mes douze ans, mes convictions selon lesquelles tout les vampires étaient égaux quelque soit leur lignée et la « pureté » de leur sang s'amplifièrent. Mon frère et ma sœur commencèrent alors à s'éloigner de moi, et des tensions entre nous naquirent même. Mes parents, hautains et fiers comme ils l'ont toujours été, ont vite décidés que ma sœur devrait être l'héritière de notre clan à leur mort, la jugeant bien plus digne de ce titre que moi, du simple fait de notre divergence d'opinion. Toutefois alors que je pensais être le seul de notre clan à penser ce genre de choses, de nombreux membres sortirent de leur silence, et des quatre coins du clan des voix s'élevèrent pour défendre l'idée que même les vampires impurs méritent le respect, et qu'ils nous sont égaux en tout point.

Cette histoire divisa alors notre clan, pourtant prospère en deux, d'un côté mes parents, qui ne juraient que par la pureté des lignées, et de l'autre côté les vampires qui désiraient une meilleure considération des impurs. Plus le temps passait, et plus les tensions entre les deux partis se faisaient sentir. Mais alors que mes seize ans venaient d'être fêtés, je réalisais enfin à quel point ma famille toute entière avait plongé dans une forme de décadence. Les impurs subissaient de plus en plus l'arrogance de ma famille, certains d'entre eux luttaient chaque jour contre le besoin de sang, et certains en périrent, tant le besoin de sang était grand, et tant leurs forces diminuaient.

Mais un jour ce qui était à craindre se produisit. Alors que je rentrais d'une promenade dans la forêt afin de trouver un peu de sang animal pour changer, je fus surpris de retrouver notre manoir ravagé par les flammes. De nombreux corps de mes camarades jonchaient le sol à l’extérieur. Alors que la panique commençait à me gagner, je me hâtais de rentrer pour trouver un quelconque survivant. C'est alors que je vis cette scène, un groupe de quatre impurs étaient là, à quelques mètres de moi, au-dessus de l'un de mes congénères, cette jeune femme, semblait terrifiée, et tentait de fuir à reculons, les jambes, brisées, et rampants sur le sol. Lorsque le bas de son dos vint se heurter à la première marche de l'escalier principal, je pus remarquer qu'il s'agissait de ma petite sœur. Les impurs continuaient de rester autour d'elle, et de la priver d'espace, puis l'un d'eux s'exprima. Ils étaient tout les quatre en train de jubiler, à l'idée de voir ma sœur souffrir et lutter pour vivre comme ils le faisaient au quotidien. Puis lorsque leur jeu semblait ne plus les amuser, les quatre vampires se jetèrent sur elles, et lui ôtèrent la vie en à peine une fraction de secondes. Durant ces quelques secondes qui furent pour moi comme de longues heures, je fus totalement incapable de bouger, mes jambes étaient tétanisées.

Les vampires se tournèrent alors et se ruèrent sur moi, comme dans une ultime tentative pour me protéger de ce que je voyais, je me mis à fermer les yeux, puis les rouvrit dans la seconde qui suivit, n'ayant senti absolument aucun impact de dents. C'est alors que je les vit tout les quatre arrêtés devant moi, contemplant mon visage, le premier s'excusa alors, en me reconnaissant. Puis tous firent un pas en arrière, ils se mirent alors tous à se confondre en excuse, et m'expliquèrent alors qu'ils ne voudraient pas me faire le moindre mal, à moi leur seul et unique maître légitime. Car comme ils le disaient, j'ai toujours été le seul à me soucier d'eux, comme s'ils étaient mes égaux. Et alors qu'ils luttaient pour la fin, j'étais celui qui leur apportait durant la nuit des poches de sang, que ma famille gardait au frais.

Ces quatre vampires m'apprirent alors que seuls ceux qui partageaient le point de vue de mes parents furent exécutés. Je comprit alors, avec horreur que ma famille entière avait été tuée. Pourtant, rien ne se produisit, comme si mon esprit s'était douté que cela allait arriver. Lorsque mon corps me permit alors de bouger comme je le souhaitais, je quitta le manoir de ma famille et partit rejoindre les quelques survivants de notre clan. Tout les impurs du manoir étaient là, et avaient fait en sorte que l'on ne me laisse pas seul.

Quelques jours passèrent, et alors que tout le monde dans ce qui restait de notre clan, voulait me voir prendre la place qui me revenait de droit, je refusa. Tout le monde fut choqué de ma décision, mais attendirent tout de même que je m'explique avant de dire quoi que ce soit. Je déclara alors mon envie de partir d'ici, de cette région, afin de pouvoir oublier ce que j'avais vécu et ainsi faire table rase de cet événement tragique. Le clan entier comprit et les quatre impurs qui avaient failli me réduire en pièces déclarèrent qu'ils partiraient aussi. Leur volonté de partir était afin de pouvoir se racheter du mal qu'ils avaient causés dans ma vie. Ils  décidèrent donc de me suivre dans mon périple, et je ne pouvais pas m'opposer à cette décision.

C'est ainsi que je partis pour rejoindre Seattle. La bas, quelques vampires qui avaient été chassés par le passé par mes parents m'attendaient, mes camarades les avaient prévenus quelques heures seulement après avoir pris la décision de partir. Il fallu toutefois attendre mes vingt-cinq ans avant que je ne décide à former un véritable clan avec les impurs qui m'avaient suivis, les vampires qui m'avaient accueillis, et tout ceux qui partageaient mon point de vue. Aujourd'hui notre clan prospère bien qu'il soit très réduit.